À propos de ce nouvel album
Avec l’angle caustico-tendre et le trait minimaliste qui font sa force, l’autrice s’amuse à malmener de nouveau ses personnages dans un tome 3 ironiquement intitulé Les beaux jours. Crises de nerfs en perspective pour les personnages et rires du lecteur dans cette comédie villageoise pour jet-setteurs exilés à l’intérieur, alors que le cliché du Corse est d’être exilé sur le continent. Pauvre Marie-Ange ! Elle qui comptait si fort sur la loterie pour, enfin, se refaire financièrement et quitter le paese… Mais quand ça veut pas, ça veut pas : badaboum, elle gagne une très coquette somme à la loterie ; patatras, l’orage s’abat sur la maison que sa famille a mise à sa disposition, hors assurances, et les dégâts, considérables, siphonnent illico ses gains. C’est ballot. Usant d’un comique de répétition, Léa Maurizi prend plaisir à multiplier les (fausses) pistes pour s’évader enfin du village… alors que Jean-Marc, le mari de Marie-Ange, responsable de leur ruine, est toujours en prison. Victimes du sort, victimes de la mode, superficiels et décalés à souhaits, les Bughjardelli ne sont pas au bout de leurs peines, et c’est jubilatoire. Si l’on dit que les chats ont neuf vies, un des mérites de l’album est de poser, légèrement, entre autres questions graves, des choses comme : combien de vies peut avoir un sac Chanel ? La vie est-elle forcément pire au village que dans une mégapole ? Et vous, que seriez-vous prêts à faire pour disposer enfin et rapidement de beaucoup plus d’argent ?